Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/30

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gard, et c’est sous son regard que nous sommes prêts à nous battre. Tout à l’heure, comme le canon se rapprochait, un à un j’ai fait défiler mes hommes devant vous. Ils avaient cueilli des fleurs, et ils vous les ont offertes,

» Ne riez pas, belle demoiselle blonde. Je vous assure qu’ils n’étaient pas du tout ridicules, mes poilus, avec des fleurs plein les bras, et qu’ils comprenaient fort bien la portée de leur acte et le sens des paroles que je leur ai dites. Ils ont des mères, ils ont des femmes, et des fiancées, et des filles, et des sœurs, et vous étiez tout cela pour eux. Vous étiez la beauté, la grâce, le plus doux parfum de notre pays… la jeune fille de France ! Et alors, on peut bien mourir, n’est-ce pas, pour défendre le toit qui vous abrite, le paysage que vous aimez, le jardin où vous vous promenez, le si joli décor où votre âme s’est éveillée et où vos rêves se poursuivent ?

» Ah ! mademoiselle, si vous saviez comme c’est plus facile de se battre et de se faire tuer pour sa patrie, quand elle prend le visage d’une femme jeune, qui a des yeux souriants et des boucles de cheveux blonds !