Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/35

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Et tout à coup le fait se produisit, le fait matériel, inattendu, redoutable, qui annonce les complications prochaines et les drames éventuels. Un lundi matin elle reçut une lettre qui avait été envoyée au laboratoire et que le concierge lui réexpédiait à son domicile.

Nelly-Rose, inquiète sans trop savoir pourquoi, un moment la regarda, hésitant à l’ouvrir : l’enveloppe portait les timbres de Pologne, l’adresse était d’une main inconnue. Elle ouvrit enfin : une lettre, un chèque…

Nelly-Rose déplia le chèque, y lut ce chiffre : cinq millions ; elle parcourut la lettre :

« Mademoiselle, aurez-vous la bonne grâce, le jour même où je vous le demanderai… »

Elle lut, jusqu’au bout, rougissante… C’était signé Ivan Baratof… Ivan Baratof. Un nom inconnu pour elle… Elle n’avait pas su le nom, elle n’avait gardé aucun souvenir du Russe rencontré au Cercle Interallié l’année précédente.

Ahurie, Nelly-Rose resta un moment immobile. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Qui était cet homme et comment avait-il eu connaissance de son offre inconsidérée ? Xénia avait-elle donc réellement fait une communication à une revue de là-bas ?

Nelly-Rose enferma la lettre dans son sac et, essayant de dominer son agitation, se rendit au laboratoire avec l’espoir que la jeune Polonaise s’y trouverait déjà.

Xénia venait d’arriver. Dès qu’elle vit entrer Nelly-Rose, elle courut vers elle et, l’attirant dans un coin isolé :

— Viens que je te montre quelque chose !…