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les époux dumouchel

malheur, intervertir l’ordre de ses gestes, se coiffer en corset ou déchausser son pied droit avant son pied gauche.

Dumouchel lisait son journal. Elle le rejoignit, l’enjamba et s’allongea contre lui.

— Une seconde, dit-il, j’achève un article.

Elle attendit. Quand il eut terminé, il s’écria :

— Vrai, il y a des individus qui ont de l’aplomb. Voilà quelqu’un qui nous attaque, sous prétexte que les rues sont malpropres.

Il saisit sa femme entre ses bras et ajouta :

— Je voudrais qu’il y fût, lui, à la tête de la voirie.

Berthe approuva : — Pour sûr.

Il n’y eut ni baisers, ni caresses, ni attouchements. Leurs désirs cependant naquirent, par habitude. Et ils se possédèrent.

Ils accomplirent cette besogne méthodiquement, silencieusement, en gens qui satisfont à une nécessité. Ils s’étreignaient à jour fixe, comme ils mangeaient à telle heure précise. Jamais en semaine l’envie de se prendre ne leur serait venue, de même que jamais leur appétit ne s’éveillait entre les repas.

— J’en causais justement le mois dernier,