Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
les époux dumouchel

continua Dumouchel, avec Rodin, mon collègue au balayage…

Berthe se leva pour procéder à sa toilette.

— …Et Rodin me disait : « Il est impossible d’obtenir une propreté complète, même dans les grandes artères. Voyez-vous, il faudrait un balayeur derrière chaque passant. »

Il se tut, réfléchit, puis conclut :

— Il n’y aurait qu’un remède, condamner à une amende quiconque attente à la propreté des rues, est-ce ton avis ?

Sa femme, qui se recouchait, répéta : « Pour sûr. »

Il y eut un silence. Berthe, préoccupée, songeait Depuis quelques jours, un secret lui pesait, qui tantôt la rendait rêveuse, tantôt vive, ardente, exubérante. Elle ouvrit la bouche pour le confier à son mari. Puis elle hésita. Après tout, elle se trompait peut-être. Est-on jamais certain de ces choses-là ? Pourtant elle pensa au bonheur qu’éprouverait François à cette nouvelle, et se décida.

— Dumouchel, dit-elle.

Il répondit : — Quoi ?

Elle articula gravement :