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les époux dumouchel

neur de prévenir Monsieur et Madame X… que la position nouvelle de Madame Dumouchel ne leur permet pas de continuer leurs réceptions du samedi. Ils espèrent que Monsieur et Madame X… excuseront une interruption forcée qui cessera dès le rétablissement de Madame Dumouchel. »

Le premier samedi leur parut interminable. Leur cœur saignait. À peine le sentiment de leur héroïsme atténua-t-il leur souffrance.

— Tout pour l’enfant, gémissait François, tout pour lui, c’est le devoir.

Mais ce devoir les aigrissait, et ils échangèrent des paroles amères.

Cependant des mois et des mois s’écoulaient. Berthe s’arrondissait, devenait monstrueuse. Le ventre semblait tout absorber en elle, attirer toutes les parties du corps, se nourrir de toute la chair. Le buste, la taille, les hanches ne formaient qu’une masse informe, un bloc colossal au-dessous duquel les jambes flageolaient.

Dumouchel, dont la vanité croissait proportionnellement à la grosseur de sa femme, traînait ce ventre en triomphateur. Ses yeux interrogeaient les passants, épiaient sur leur visage une marque d’admiration. Il l’aimait, le vénérait, le traitait