Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
un amour

que moi… je t’aimais trop… ne dis pas non… j’en suis sûre… j’étais trop à toi… puis, un jour, tu es revenu… et je t’ai vu si jaloux… si jaloux… que j’ai voulu te reprendre… Pardonne-moi… je t’aimais tant… je t’aime tant… si je n’avais pas menti… tu t’en allais… et je serais morte… et plus tard je n’ai rien avoué… j’avais peur de te perdre.

Elle respira longuement et continua d’un ton plus bas encore, à peine perceptible :

— Mon pauvre… pauvre ami… qu’est-ce que j’ai fait de toi ?.. J’ai réfléchi à tes reproches… ils sont justes… vois-tu… je les excuse… je n’ai songé qu’à moi… j’ai été trop égoïste… Mais maintenant tu es libre… tu pourras te marier… avoir des enfants… et puis peut-être que tu ne m’en veux pas trop… Dis-moi que tu ne regrettes pas… que tu me pardonnes… que ça te fait plaisir que je ne t’aie pas trahie… tu conserveras de moi un bon souvenir… C’est ce que je voulais… je vais mourir… moins triste.

Tout à coup, elle se dressa, terrifiée, un soupçon horrible la mordait.

— Jacques, s’écria-t-elle, d’une voix forte,