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Page:Leblanc - L'âme du père Vivandieu, paru dans Le Figaro, 16-11-1895.djvu/4

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Une série de manœuvres habiles me rapprocha de lui. Une autre me livra sa confiance. Je le décidai facilement à parler :

— Mon Dieu, monsieur, c’est bien simple, j’attends ma femme. Tout habitant de ce pays vous le dira en ricanant : « Le bonhomme attend sa femme. » Leurs sarcasmes m’importent peu. Je n’ai point daigné leur expliquer ma conduite. Mais puisqu’elle paraît vous intriguer, je consens à vous en apprendre le secret.

» J’ai épousé une femme beaucoup plus jeune que moi, jolie, coquette, frivole, rieuse, vivante, alors que rien dans mon extérieur ou dans mon esprit ne m’autorisât à une telle audace. Ma seule excuse était l’immensité de mon amour ; ma sauvegarde, la droiture réelle d’Henriette.

» Ce furent, monsieur, de cruelles années. J’y fis l’apprentissage de la dou-