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Page:Leblanc - L'âme du père Vivandieu, paru dans Le Figaro, 16-11-1895.djvu/5

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leur. Et quelle douleur ! Sentir que ce corps ne s’abandonnait qu’à regret, l’avouerai-je, même avec une certaine répulsion, ce corps que j’adorais, moi ! Et surtout deviner que son cœur m’était hostile, sa tête pleine de rêves étrangers, malsains, coupables, qui sait ! Certes, je luttai courageusement. Hélas ! contre quoi ? Contre un dégoût instinctif de mes cheveux grisonnants et de mes membres malingres, contre des songeries confuses de jeune femme ? La lutte contre un rêve vague est impossible ; le jour où il se précise, il est trop tard.

» Il se précisa. Henriette souffrit. Et tout à coup mes peines égoïstes m’apparurent insignifiantes, en comparaison de la torture que cette souffrance m’imposait. Elle eût succombé, je l’aurais tuée, monsieur. Elle résista vaillamment, dépérissant, à bout de force, et c’est moi qui fléchis. Vous détailler les angoisses par où je passai, serait inutile. Ma détermination vous les révélera. La voici, telle que je la notifiai à ma femme, la voici dans les mêmes termes — je les avais si mûrement pesés !


« Ma chère Henriette, je me considère