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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Mais vous oubliez qu’il suffit d’un mot pour qu’on vous fusille ! Et vous osez ! Des conditions !…

Paul garda le silence. L’empereur allait et venait, la main à la poignée de son sabre qu’il laissait traîner sur le tapis. Deux fois il s’arrêta et regarda Paul, et, comme celui-ci ne sourcillait pas, il repartait avec un surcroît d’indignation.

Et tout à coup il pressa le bouton d’un timbre électrique.

— Qu’on le détache ! ordonna-t-il à ceux qui se précipitèrent à son appel.

Délivré de ses liens, Paul se dressa et rectifia la position comme un soldat devant un supérieur.

De nouveau la pièce se vida. Alors l’empereur s’approcha, et, tout en laissant entre Paul et lui le rempart d’une table, il demanda, la voix toujours rude :

— Le prince Conrad ?

Paul répondit :

— Le prince Conrad n’est pas mort, sire, il se porte bien.

— Ah ! fit le kaiser visiblement soulagé.

Et il reprit, évitant encore d’attaquer le fond du sujet :

— Cela ne change pas les choses en ce qui vous concerne : agression… espionnage… Sans compter le meurtre d’un de mes meilleurs serviteurs…

— L’espion Karl, n’est-ce pas, sire ? En le tuant, je n’ai fait que me défendre contre lui.

— Mais vous l’avez tué ? Donc, pour ce meurtre et pour le reste, vous serez passé par les armes.