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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Et, sur-le-champ, sans doute pour corriger un peu la hardiesse de cette boutade, il ajouta :

« D’ailleurs, ne craignez rien, madame la baronne. Quels que soient les services que je pourrai vous rendre, je m’arrangerai pour que nous soyons entièrement quittes. »

Que signifiaient ces paroles obscures ? L’individu avait-il l’intention de se payer soi-même ? Et de quelle nature serait le règlement ?

Valérie eut un frisson de gêne et rougit. Vraiment, M. Barnett suscitait en elle une inquiétude confuse, qui n’était point sans analogie avec les sentiments qu’on éprouve en face d’un cambrioleur. Elle pensait aussi… mon Dieu, oui… elle pensait qu’elle avait peut-être affaire à un amoureux, qui aurait choisi cette manière originale de s’introduire chez elle. Mais comment savoir ? Et, dans tous les cas, comment réagir ? Elle était intimidée et dominée, confiante en même temps, et toute disposée à se soumettre, quoi qu’il en pût advenir. Et ainsi, quand le détective l’interrogea sur les causes qui l’avaient poussée à demander le concours de l’agence Barnett, elle parla sans détours et sans préambule, comme il exigeait qu’elle parlât. L’explication ne fut pas longue : M. Barnett semblait pressé.

« C’est l’avant-dernier dimanche, dit-elle. J’avais réuni quelques amis pour le bridge. Je me couchai d’assez bonne heure, et m’endormis comme à l’ordinaire. Le bruit qui me réveilla vers les quatre heures — exactement quatre heures dix — fut suivi d’un bruit qui me parut celui d’une porte qui se ferme. Cela provenait de mon boudoir.