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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/37

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LES GOUTTES QUI TOMBENT

cas où elle ne lui abandonnerait pas le collier, le testament devenait public. Avec un pareil adversaire, toute prière était vaine. Il ne céderait pas.

Jim Barnett passa un instant dans l’arrière-salle que masquait une tenture, et il eut l’audace impertinente de revenir, le visage enduit de gras qu’il essuyait au fur et à mesure, ainsi qu’un acteur qui se démaquille.

Une autre figure apparut ainsi, plus jeune, avec une peau fraîche et saine. Le nœud tout fait fut changé contre une cravate à la mode. Un veston de bonne coupe remplaça la vieille redingote luisante. Et il agissait tranquillement, en homme que l’on ne peut ni dénoncer ni trahir. Jamais, il en était certain, Valérie n’oserait dire un mot de tout cela à personne, pas même à l’inspecteur Béchoux. Le secret était inviolable.

Il se pencha vers elle et dit en riant :

« Allons ! j’ai l’impression que vous voyez les choses plus clairement. Tant mieux ! Après tout, qui saura jamais que la riche Mme Assermann porte un collier faux ? Aucune de vos amies. Aucun de vos amis. De sorte que vous gagnez une double bataille, conservant à la fois votre légitime fortune et un collier que tout le monde croira véritable. N’est-ce pas charmant ? Et la vie ne vous apparaît-elle pas de nouveau délicieuse ? la jolie vie mouvementée, diverse, amusante, aimable, où l’on peut faire toutes les petites folies que l’on a le droit de faire à votre âge ? »

Valérie n’avait pas pour l’instant la moindre envie de faire des petites folies. Elle jeta sur Jim Barnett un regard de haine et de fureur, se leva, et, toute droite, soutenue par une dignité de grande dame qui opère une sortie malaisée dans un salon hostile, elle s’en alla.