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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/84

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L’AGENCE BARNETT ET Cie

pas à quinze mètres de la lucarne grillée qui éclaire la sacristie par en haut, j’installe, à l’insu de tous, une corde destinée à me réveiller, par un tintement de sonnette, à la moindre tentative d’effraction. En outre, j’ai la précaution de monter chaque soir dans ma chambre, la pièce la plus précieuse, un reliquaire enrichi de pierreries. Or, cette nuit… »

Une seconde fois, l’abbé Dessole promena son mouchoir sur son front. Les gouttes de sueur croissaient en nombre et en importance, à mesure que se déroulait la tragique aventure. Il reprit :

« Or, cette nuit, vers une heure, ce n’est pas un tintement de sonnette qui me jeta hors de mon lit, mal éveillé et titubant au milieu des ténèbres, mais le bruit de quelque chose qui serait tombé sur le parquet. Je pensai au reliquaire. Ne l’avait-on pas volé ? Je criai :

« — Qui est là ?… »

« On ne répondit pas, mais j’étais sûr qu’il y avait quelqu’un devant moi ou près de moi, et sûr aussi qu’on avait enjambé la fenêtre, car je sentais la fraîcheur du dehors. À tâtons, je saisis ma lanterne électrique que j’allumai tout en levant le bras. Alors, je vis, en l’espace d’une seconde, une figure grimaçante sous un chapeau gris à bords rabattus, et au-dessus d’un col marron relevé. Et dans la bouche, que la grimace entrouvrait, je discernai nettement, à gauche, deux dents d’or. Tout de suite, d’un coup sec sur mon bras, l’homme me fit lâcher ma lanterne… Je fonçai dans sa direction. Mais où était-il ? N’avais-je pas viré sur moi-même ? En tout cas, je me heurtai au marbre de la cheminée, à l’opposé même de la fenêtre. Quand j’eus réussi à trouver des allumettes, ma