Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
L’AIGUILLE CREUSE

Tout de suite, d’ailleurs, la chance le servit.

— Une lettre jetée à la poste mercredi dernier ?… s’écria le maire, brave bourgeois auquel il se confia, et qui se mit à sa disposition… Écoutez, je crois que je peux vous fournir une indication précieuse… Samedi matin, le père Charel, un vieux rémouleur qui fait toutes les foires du département, le père Charel que j’ai croisé au bout du village, m’a demandé : « Monsieur le maire, une lettre qui n’a pas de timbre, ça part tout de même ? » — « Dame ! » — « Et ça arrive à destination ? » — « Parbleu, seulement il y a un supplément de taxe à payer, voilà tout. »

— Et il habite, le père Charel ?

— Il habite là-bas, tout seul,… sur le coteau… la masure après le cimetière… Voulez-vous que je vous accompagne ?

C’était une masure isolée, au milieu d’un verger qu’entouraient de hauts arbres. Quand ils pénétrèrent, trois pies s’envolaient de la niche même, où le chien de garde était attaché. Et le chien n’aboya pas et ne bougea pas à leur approche.

Très étonné, Beautrelet s’avança. La bête était couchée sur le flanc, les pattes raidies, morte.