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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/107

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CHAPITRE II

LA « MAISON » DE RIVERSIDE DRIVE. — LES CHENILLES DE LA MALCHANCE. — LA VOIX HUMAINE. — PLANCHE DE SALUT. — BAR HARBOR, MAINE. — LEOPOLD STOKOWSKY. — LES SAUVEURS.



Fin novembre. Encore en otage dans notre cave. Par téléphone Allen m’annonce que nous allons donner un concert chez une bourgeoise riche de la Fifth avenue. Il arrive avec l’argent du cachet.

— « Très habituel, dit-il, on sait à New-York que les artistes sont toujours gênés ; alors, on paye d’avance ».

Moins habituel le geste final : après notre énorme succès on nous offre un deuxième cachet.


Nos dettes réglées, nous quittons Bernardsville, entourés d’estime et de considération. Je trouve un appartement avec loggia à Riverside Drive, sur l’Hudson — le fleuve apparaît vivant entre deux bandes de parterres d’un vert tacheté de fleurs éclatantes. La nuit on éteint les lampes du salon pour voir passer les lumières vertes, rouges et or des bateaux. Il y a dans cette maison… un certain mystère. Novo ne voulons pas nous en inquiéter, la loggia nous transporte, la location modeste nous retient… J’entre par hasard dans un tea-room proche. Un monsieur, type saint Pierre, moins la barbe et les clés, accourt vers moi.