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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/114

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LA MACHINE À COURAGE

depuis trois mois. C’est tout ce qui me reste de cette féerie : formation du comité, cotisations et donations, les plans du cloître, les maquettes de mise en scène, la publicité, échange de télégrammes, annonce de la date fixée, les circulaires, les programmes, le prix de l’orchestre qui s’élevait à 2 000 dollars ; puis… les avertissements disant notre déconvenue, regrets, remerciements aux souscripteurs et… quelques lettres de Stokowsky. Dans la dernière il me disait : « Les directeurs de la Philadelphia Orchestra ne consentiront jamais à ce que je donne un concert à New-York sans l’orchestre complet de cent cinquante musiciens. Ils ont introduit cette règle dans les statuts, il y a environ deux ans, et il faut que je confesse que je l’avais oubliée tout à fait. Hier, j’ai insisté de nouveau auprès de la Direction. On s’oppose absolument à l’idée que la Philadelphia Orchestra joue à New-York en dehors de la série des programmes établis et avec un nombre réduit de musiciens. Je sens que je ne dois pas tenter cette matinée en réunissant les artistes que je pourrais trouver à New-York. Je sais que vous comprendrez l’immense travail que j’ai fait avec mon orchestre pendant dix ans, répétant chaque matin durant sept mois de l’année pour obtenir la qualité de ton, la flexibilité du rythme et l’ensemble du « phrasé » qui est mon idéal. À un certain degré, j’ai atteint tout cela ; mais en deux ou trois répétitions il me serait impossible d’approcher même du résultat qui m’a coûté tant d’années à réaliser ici… Ma seule pensée en organisant cette matinée était de collaborer avec vous à une manifestation d’art de la plus haute qualité… Je ne me pardonne pas d’avoir oublié le côté pratique… Je suis vraiment désolé ».



Les Sauveurs (Washington Place).

Chaque matin, Monique remarquait une grosse dame en arrêt devant nos fenêtres. Elle avait publié un article sur moi et n’osait pas me l’apporter. L’article était signé « J. Barella ». En marge du journal l’auteur se présentait comme « Celle