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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/133

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CHAPITRE II

LE CHATEAU DE LA MUETTE. ― « SOUVENIRS ».



Des représentations de Carmen me furent proposées. Mais je n’imaginais pas de rentrer dans les vieilles formules d’opéra. Le monde d’art avait changé et mes conceptions aussi. Tourner en rond, remettre mes pas dans les empreintes d’autrefois me paraissait absurde. J’aurais voulu créer un personnage neuf. Ce n’était pas possible. Alors je songeai à situer notre vie.

Je trouvai d’abord à Tancarville un vieux phare désaffecté qui semblait suspendu entre ciel et terre. De la route nous avions aperçu, tout en haut d’une falaise, une grosse lanterne ― tulipe géante émergeant des bois sur un ciel gris. Les paysans disaient qu’on ne pouvait y demeurer « rapport à l’ennuyance », et qu’on ne pouvait en approcher à cause des ronces qui en défendaient le chemin.

Nous nous y installâmes comme en stratosphère et chaque année, depuis treize ans, à la verte saison, il nous offre son espace de beauté unique.

Pour les hivers, près de Paris, je trouvai autre chose.


L’auto s’arrêta en pleine forêt de Saint-Germain sur la route