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MA FEMME ET SON MARI

proposai mes soins, mais nous résolûmes d’abord de la transporter dans une auberge qui se trouvait justement à proximité.

Le trajet fut pénible. Elle ne cessa de gémir, comme une personne qui souffre beaucoup. On lavait à peine étendue sur un lit qu’elle perdit de nouveau connaissance.

Je priai son mari de la dévêtir, car elle devait avoir du mal à respirer sous ses fourrures. Moi-même je rabattis son capuchon et détachai le masque de dentelles et de mica qui lui couvrait le visage.

Un cri de stupéfaction m’échappa. J’avais reconnu…

Il faut que je vous rappelle… Mais vous savez tous, n’est-ce pas, l’histoire de mon mariage, le désaccord qui se produisit entre ma femme et moi après quelques années d’union parfaite, puis notre divorce, l’an dernier. Et vous comprenez… cette femme que je soignais était la mienne.

C’était aussi celle de M. Paul Chantelin, son second mari. Effrayé par mon exclamation, il s’était relevé.

« Quoi ? qu’y a-t-il ? Quelque chose de grave ? »

J’hésitais à répondre. Il me supplia d’une voix anxieuse :

« Oh ! je vous en prie, docteur, dites-moi la vérité… ma femme m’est plus chère que tout… Est-ce que vous prévoyez une complication ?

— Non, non, affirmai-je, soyez tranquille. »

Il achevait d’enlever le corsage. Je lui saisis le bras et murmurai :

« Je suis le docteur Daurenne.