à l’aide du rideau, les individus eussent été contraints d’allumer, pour accomplir leurs funestes desseins, et Raoul se fût réveillé en sursaut.
De sorte que, en fin de compte, il n’entendit ni ne vit rien. Un des hommes, revolver au poing, demeura, comme une sentinelle, dans le couloir. Les deux autres, en quelques signes, se partagèrent la besogne, et tirèrent de leurs poches des casse-tête. L’un frapperait le premier voyageur, l’autre celui qui dormait sous une couverture.
L’ordre d’attaque se donna à voix basse, mais, si bas que ce fût, Raoul en perçut le murmure, se réveilla, et, instantanément raidit ses jambes et ses bras. Parade inutile. Le casse-tête s’abattait sur son front et l’assommait. Tout au plus put-il sentir qu’on le saisissait à la gorge, et put-il apercevoir qu’une ombre passait devant lui et se ruait sur miss Bakefield.
Dès lors, ce fut la nuit, les ténèbres épaisses, où, perdant pied comme un homme qui se noie, il n’eut plus que ces impressions incohérentes et pénibles qui remontent plus tard à la surface de la conscience, et avec lesquelles la réalité se reconstitue dans son ensemble. On le ligota, on le bâillonna énergiquement, et on lui enveloppa la tête d’une étoffe rugueuse. Ses billets de banque furent enlevés.
— Bonne affaire, souffla une voix. Mais tout ça, c’est des « hors-d’œuvre ». As-tu ficelé l’autre ?
— Le coup de matraque a dû l’étourdir.