Il faut croire que le coup n’avait pas étourdi « l’autre » suffisamment, et que le fait d’être ficelé ne lui convenait pas, car il y eut des jurons, un bruit de bousculade, une bataille acharnée qui remuait toute la banquette… et puis des cris… des cris de femme…
— Crénom, en voilà une garce ! reprit sourdement une des voix. Elle griffe… elle mord… Mais, dis donc, tu la reconnais, toi ?
— Dame ! c’est plutôt à toi de le dire.
— Que je la fasse taire d’abord !
Il employa de tels moyens qu’elle se tut, en effet, peu à peu. Les cris s’atténuèrent, devinrent des hoquets, des plaintes. Elle luttait cependant, et cela se passait tout contre Limézy, qui sentait, comme dans un cauchemar, tous les efforts de l’attaque et de la résistance.
Et subitement cela prit fin. Une troisième voix, qui venait du couloir, celle de l’homme en faction évidemment, ordonna, sur un ton étouffé :
— Halte !… mais lâchez-la donc ! Vous ne l’avez toujours pas tuée, hein ?
— Ma foi, j’ai bien peur… En tout cas on pourrait la fouiller.
— Halte et silence, nom de D…
Les deux agresseurs sortirent. On se querella et on discuta dans le couloir, et Raoul, qui commençait à se ranimer et à bouger, surprit ces mots : « Oui… plus loin… le compartiment du bout… Et, vivement !… le contrôleur pourrait venir… »