Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

où Jodot et Loubeaux lui annoncent qu’ils sont entièrement à sa disposition pour la recherche du trésor. Qu’il fasse parler la petite, et qu’il les mette au courant. Sans quoi…

» Pour Brégeac, c’est un coup de tonnerre. Après douze ans, il espérait bien que l’affaire était enterrée définitivement. Au fond, il ne s’y intéresse plus. Elle lui rappelle un crime dont il a horreur, et une époque dont il ne se souvient qu’avec angoisse. Et voilà que toutes ces infamies sortent des ténèbres ! Voilà que les camarades d’autrefois surgissent ! Jodot le relance jusqu’ici. On le harcèle. Que faire ?

» La question posée est une de celles qui ne se discutent même pas. Qu’il le veuille ou non, il faut obéir, c’est-à-dire tourmenter sa belle-fille et la contraindre à parler. Il s’y décide, poussé lui aussi, d’ailleurs, par un besoin de savoir et de s’enrichir qui l’envahit de nouveau. Dès lors, pas un jour ne se passe sans qu’il y ait interrogatoire, disputes et menaces. La malheureuse est traquée dans sa pensée et dans ses souvenirs. À cette porte close derrière laquelle, tout enfant, elle a enfermé un petit groupe débile d’images et d’impressions, on frappe à coups redoublés. Elle voudrait vivre : on ne le lui permet pas. Elle voudrait s’amuser, elle s’amuse même parfois, fréquente quelques amies, joue la comédie, chante… Mais, au retour c’est le martyre de chaque minute.

» Un martyre auquel s’ajoute quelque chose de vraiment odieux et que j’ose à peine évoquer : l’amour