Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il désire… la femme qu’il n’a jamais cessé d’aimer… et qu’il aime… et qu’il veut de toutes ses forces, et de toute sa rage…

Elle baissa la tête et dit simplement :

— Oui.

Duel étrange, en effet, qui opposait l’un à l’autre ces deux êtres que séparaient tant de choses implacables. Comme il fallait que la passion de Daubrecq fût effrénée pour qu’il risquât ainsi cette menace perpétuelle de la mort et qu’il introduisît auprès de lui, dans son intimité, cette femme dont il avait dévasté l’existence ! Mais comme il fallait également qu’il se sentît en pleine sécurité !

— Et vos recherches aboutirent à quoi ? demanda Lupin.

— Mes recherches, dit-elle, furent longtemps infructueuses. Les procédés d’investigation que vous avez suivis, ceux que la police a suivis de son côté, moi, des années avant vous, je les ai employés et vainement. Je commençais à désespérer quand, un jour, en allant chez Daubrecq, dans sa villa d’Enghien, je ramassai sous sa table de travail, le début d’une lettre chiffonnée et jetée parmi les paperasses d’une corbeille. Ces quelques lignes étaient écrites de sa main, en mauvais anglais. Je pus lire :

Évidez le cristal à l’intérieur, de manière à laisser un vide qu’il soit impossible de soupçonner.

Peut-être n’aurais-je pas attaché à cette phrase toute l’importance qu’elle méritait, si Daubrecq, qui se trouvait alors dans le jardin, n’était survenu en courant et ne s’était mis à fouiller la corbeille, avec une hâte significative.

Il me regarda d’un air soupçonneux.

— Il y avait là… une lettre…

Je fis semblant de ne pas comprendre. Il n’insista point, mais son agitation ne m’avait pas échappé, et je dirigeai mes recherches dans le même sens. C’est ainsi qu’un mois après je découvris, au milieu des cendres de la cheminée du salon, la moitié d’une facture anglaise. John Ho-