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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

Elle murmura :

— Mon corps n’a plus aucun secret pour vous, voyons, Patrice.

— Si, le plus précieux, le plus émouvant. Le secret de votre étreinte, de votre caresse. Me le refuserez-vous ?

— J’aurais mauvais grâce à refuser ce que je vous ai donné déjà.

Au loin l’orchestre commença la Danse des Cygnes.

— Est-ce vrai ? Colombe chérie ? Ce que vous m’avez donné déjà ?

— Rappelez-vous… le Gazon Bleu… Voyons, vous ne m’aviez pas reconnue quand j’ai été vous voir ?… Moi je savais bien que c’était vous.

— Est-ce vrai ? Je voudrais tant savoir !

— Savoir quoi ?

— Si c’était bien vous que j’ai prise ou bien la Pierreuse.

— La Pierreuse que vous auriez ensuite assassinée ?

— Justement.

Elle éclata de rire.

— Rassurez-vous, cher ami, je vous jure que vous pensiez à toute autre chose qu’à tuer.

— Vous affirmez ?…

— Oui, j’affirme ! Mon souvenir est extrêmement net. Je regrette que le vôtre ne soit pas aussi agréable.

— J’ai gardé un souvenir inoubliable, mais confus quant à la personne.

— Ce n’est pas flatteur pour moi.

— Laissez-moi contrôler.

Elle le saisit par le cou.

— Résistez un peu, dit-elle, puisque nous recommençons. Parfait ! Et puis, ployez mon buste en arrière… plus fort. Ne craignez pas de me faire mal. Bon.

Mais la démonstration durait trop longtemps.

Patrice l’étendit en travers du divan, saisit entre ses lèvres la bouche ardente et murmura aussitôt :

— Oh ! c’est toi, ma Darling. Je te reconnais. C’est toi, la femme du Gazon Bleu, je retrouve ta saveur, tes gestes, ton parfum. C’est toi que j’ai possédée, et que je possède encore.