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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

— Et laquelle des femmes était sa partenaire ? demanda-t-on.

— La femme du monde, déclara Octave Rousselot.

Il y eut un moment de silence. Dominique craignait qu’on entendit battre son cœur. Une voix qui n’avait pas encore parlé, s’éleva et protesta :

C’était la voix de Richard l’Heurois. Celui-ci, ainsi que son ami inséparable, Antoine Ganet, faisaient partie des convives. Il s’écria :

— Allons donc ! c’est un mensonge ! Cet homme a-t-il des preuves ? Les a-t-il communiquées ? Vous ne me ferez pas croire qu’une femme du monde s’abandonne ainsi à un individu de cette classe.

— Ça dépend, murmura un autre convive.

Mais Octave Rousselot répondait à Richard.

— Les détails qu’il donne sont bien précis.

— Il donne des détails ? demanda une jeune femme.

— Et très scabreux, continuait Rousselot.

Richard haussa les épaules.

— Évidemment, il accumulera autant de détails qu’on voudra !… en les inventant !… Plus il donne de détails, plus il prouve qu’il ment dans l’espoir de sauver sa tête.

— Pourquoi ? demanda la jeune femme de tout à l’heure.

— Pourquoi ? continua Richard. Parce qu’il sait que tout le monde est d’accord sur un point : l’homme qui a tué la Pierreuse est forcément celui qui l’a renversée sur le gazon. En affirmant que sa compagne fut la belle inconnue, le sieur Caboche affirme aussi son innocence.

— Le raisonnement est juste, avoua Rousselot, mais l’homme apporte des affirmations nettes…

— Justement, il prépare sa défense,

— Que dit-il ? demanda la jeune femme avec une curiosité mal déguisée.

— Il déclare que, dès le début, il a prévu ce qui se passerait et qu’il a fait son choix, ayant toujours eu pour ambition de devenir, ne fût-ce qu’un instant, l’amant d’une femme du monde. L’ivresse des autres aidant, il n’a eu aucun mal à triompher. Quand il a vu