Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/10

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DIMBLEVAL. – Qu’est-ce que tu chantes ? J’ai prêté dix mille francs à la duchesse de Brèves contre le dépôt de ce collier. Elle n’a pas pu me les rendre à la date fixée. Tant pis pour elle.

MARCELINE. – Mais il en vaut dix fois plus.

DIMBLEVAL. – Tant mieux pour moi.

MARCELINE. – Il paraît que tu n’as pas le droit, papa.

DIMBLEVAL. – Ah ! oui ! le prêt sur gage !… Que veux-tu, fifille, il faut bien se créer quelques ressources puisque l’art ne suffit plus aujourd’hui.

MARCELINE. – Cela te regarde, papa. En attendant, moi, je ne vis pas quand ton collier est ici. Un jour ou l’autre, quelque malfaiteur…

DIMBLEVAL. – Mais puisque je le reporte demain au Crédit Lyonnais.

MARCELINE. – Et si on vient, cette nuit ?

DIMBLEVAL. – Pourquoi, cette nuit ?

MARCELINE. – Ce matin, ton modèle, le vieux Russe, t’a parfaitement vu quand tu le mettais dans ce secrétaire.

DIMBLEVAL. – Ah ? Aussi le mettrai-je ailleurs… n’importe où… dans un endroit où précisément l’on ne cache rien de précieux… Tiens, dans ce vase, là, aucun danger… (Il met le collier dans un vase de fleurs. Soudain, la sonnerie du téléphone retentit. Ils se regardent. Nouvelle sonnerie.)

DIMBLEVAL, à voix basse. – Le téléphone…

MARCELINE. – Oui, eh bien, vas-y, papa.

DIMBLEVAL. – Le téléphone à deux heures du matin. (Il décroche vivement.) Allô… oui, c’est moi… La Préfecture de police ?… Eh bien ? Vous dites ? (Avec une inquiétude grandissante :) Hein ?… Quoi ?… Est-ce possible ?… Allô… zut… coupé !

MARCELINE. – Qu’y a-t-il ?

DIMBLEVAL, raccrochant le récepteur. – Un rapport au service de la Sûreté, nous sommes menacés d’un vol, pour cette nuit.

MARCELINE. – Le collier ! Tu vois ! Mais c’est affreux ! Et les domestiques à qui tu as donné congé !

DIMBLEVAL. – Six inspecteurs sont en route sous la direction du sous-chef Marescot, que je connais justement…

MARCELINE. – S’ils arrivaient trop tard !

DIMBLEVAL. – Eh bien quoi ! Je suis là ! Et puis, nous sommes trois locataires dans la maison.

MARCELINE. – Mais l’entrée particulière de tes modèles ?

DIMBLEVAL, après avoir vérifié la chaîne et le verrou. – Prends la clef.

MARCELINE. – Qu’est-ce que tu fais ?