Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/11

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DIMBLEVAL, saisissant le vase et allant vers la chambre de sa fille. – J’emporte le collier.

MARCELINE. – Dans ma chambre ?

DIMBLEVAL. – Oui, je reste avec toi jusqu’à l’arrivée…

MARCELINE. – Mais je n’en veux pas. Laisse-le ici.

DIMBLEVAL, il pose le vase sur le secrétaire. – Tu as raison. D’ailleurs, il n’y a pas de meilleure cachette. On le cherchera partout, excepté là, je suis tranquille.

MARCELINE. – Ça m’est égal. Il n’est pas dans ma chambre. (Il éteint l’électricité et chacun entre chez soi. La scène reste vide, un moment, illuminée par un magnifique clair de lune qui pénètre par le vitrage. Soudain, un léger bruit, en haut. Un des carreaux se soulève et l’on voit une grosse corde qui descend peu à peu, se balance et dont l’extrémité s’arrête à deux mètres du parquet. Et tout de suite une ombre se laisse glisser de haut en bas.)

LUPIN, tout en cherchant l’électricité. – Cordon s’il vous plaît !… Un peu de lumière… (Il allume. Lupin est déguisé en apache, longue blouse, chapeau, barbe rousse en éventail. Il prend une glace à main sur la table de toilette et se regarde.) T’en as une bouillotte ! T’as l’air d’une arsouille… Arsouille Lupin. Oh ! un revolver, moi qui ai oublié le mien ; ça va bien. Oh ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Un vaporisateur ?

LE COMPLICE, se penchant à moitié par la lucarne. – Lupin !

LUPIN. – Quoi ?

LE COMPLICE. – Vous êtes fou !

LUPIN. – Pourquoi ?

LE COMPLICE. – La lumière !

LUPIN. – Elle te gêne ?

LE COMPLICE. – Oui.

LUPIN. – Ferme les yeux.

LE COMPLICE. – Mais…

LUPIN. – Ferme la bouche.

LE COMPLICE. – Patron…

LUPIN. – Ah ! dis donc, occupe-toi de ton échelle, Jacob.

LE COMPLICE. – Pourquoi m’appelez-vous Jacob ?

LUPIN, qui examine une photographie. – Tu ne comprendrais pas ! (À lui-même, se dirigeant vers le secrétaire.) Oh ! dis donc, c’est bien la jeune personne que j’ai aperçue au bal des Valton-Trémor… Toutes mes excuses, Mademoiselle, il a fallu revêtir l’humble uniforme du travailleur. Pauvre gosse, on va lui extraire ses émeraudes… Ah ! si le beurre n’était pas si cher ! (Il repose le portrait sur le secrétaire.) Voyons, d’après le plan