Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/16

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DIMBLEVAL. – Et puis non, pas la peine. (Il retombe sur le fauteuil.) Ça rallonge… Ah ! il vaut mieux, je ne sais pas, ah ! il…

LE SOUS-CHEF, à ses agents. – Varnier… sur la place, au bas de la sortie. Toi, Dupuis, cours au commissariat de la rue Nemours et ramène une demi-douzaine d’agents. Il a sûrement des complices.

DIMBLEVAL, se relevant et montrant la lucarne. – Et si le type revient par là… ma fille…

LE SOUS-CHEF. – Ah ! il n’y a pas d’apparence, mais que mademoiselle ne bouge pas de sa chambre… N’ouvrez à personne, mademoiselle, sauf à votre père et à moi… D’ailleurs… (À un des inspecteurs :) Gontrand, reste ici… et tire s’il le faut, nous avons affaire à un gaillard des plus dangereux.

DIMBLEVAL. – Une crapule, un assassin… Vite, Marescot, vite, passez le premier, je ferme à clef. (Ils s’en vont tous, sauf Gontrand. Durant toute la scène, Lupin est resté paisiblement assis. Il s’est nettoyé la figure, curé les ongles, a peigné sa fausse barbe, et l’a empochée, puis s’est amusé avec les objets de toilette, flacons à odeur, pistolet pulvérisateur, fers à friser… Maintenant, il se relève, énergique, prêt à l’action. L’inspecteur a fermé la porte du fond. Il s’avance sur le devant de la scène, et, tout en examinant le lieu, se dirige vers l’escalier des modèles, passe derrière le paravent et revient au milieu de la scène. Lupin a contourné le paravent en même temps que l’inspecteur qui ne l’a pas aperçu. Revenu à son point de départ, Lupin réfléchit un instant, puis il s’avance sur la pointe des pieds vers l’inspecteur qui roule une cigarette, lui applique sur la bouche une serviette qu’il a trouvée derrière le paravent, le renverse et lui braque un revolver à vingt centimètres du visage.)

LUPIN. – Haut les mains, ne bouge pas, je ne te ferai pas de mal… (L’inspecteur essaie de se dégager et pousse un grognement.) Oh ! tais-toi… (Lupin fouille dans sa poche et sort un petit flacon.) Un peu de chloroforme… Ça va te rafraîchir les idées… (Sous le chloroforme, l’inspecteur s’est endormi.) À la bonne heure, le petit garçon, on est sage. Tiens, pour la peine, un peu d’odeur. (Il braque de nouveau le revolverpulvérisateur de la toilette, et le saupoudre.) Fais dodo. (Puis il roule l’homme jusqu’à la chambre de Dimbleval. Il l’enferme.) Va… fais dodo… (Se relevant vivement, il ouvre la porte du fond, court vers celle du vestibule et sort ses instruments pour forcer la serrure. Mais il s’arrête, écoute et murmure :) Allons, bon ! ils m’ont barboté mes outils, voleurs, va ! (Il revient, ferme la porte de l’atelier, réfléchit, se dirige vers la porte des modèles.) Impossible !… il faudrait la clef… Mais alors !… alors quoi ?… enfermé… fichu ! Ah ! mais ! ah ! mais !… (Il tourne un instant de droite et de gauche, comme une bête fauve, puis s’assoit devant une table.) Allons, voyons, Lupin… (Il