Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/17

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aperçoit le téléphone à côté de lui, réfléchit, regarde la sortie des modèles, puis la porte de Marceline et répète :) Oui, évidemment, mais il faudrait la clef. (Un temps.) Après tout, pourquoi pas ? (Consultant sa montre.) J’ai un quart d’heure, ça suffit. (Il décroche le récepteur, et d’une voix basse, mais nette, impérieuse

) Le 648.75. (Un temps.) Allô !… je demande le 648.75…

(S’irritant :) Eh bien, quoi, pas moyen… La surveillante, alors, je veux la surveillante… (Un temps.) La surveillante ?… C’est toi, Caroline ? Écoute-moi bien, chérie. (Exaspéré :) Pas un mot, nom de Dieu ! Écoute-moi… Lâche ton service. Prends une auto. Passe à la permanence. Tu trouveras Bernard et Griffin. Dis-leur que je suis cerné dans l’appartement du sculpteur Dimbleval. Il y a des inspecteurs de faction, et d’autres au bas de l’escalier des modèles, sur la place. Qu’ils escamotent ceux-là et qu’ils m’attendent. Dans dix minutes… Ah ! s’il y a d’autres camarades à la permanence… qu’ils viennent tous… dans dix minutes… (Il raccroche l’appareil, consulte sa montre, puis va vers la porte de la chambre, écoute et, vivement, frappe.) Vite… ouvrez… c’est moi le sous-chef Marescot, je vous en prie… c’est urgent… prenez la clef de l’escalier des modèles. (La porte s’ouvre, Marceline paraît, pousse un cri étouffé.)

LUPIN, avec une autorité violente. – Taisez-vous ! c’est moi ! (Il l’empêche de refermer la porte, l’amène sur la scène toute tremblante.)

MARCELINE. – Qui êtes-vous ?

LUPIN. – Pas un mot !… Attendez… n’essayez pas de comprendre, je vais vous expliquer… (Marceline descend, effrayée.) Et surtout, surtout, n’ayez aucune crainte… je ne veux pas vous faire de mal.

MARCELINE. – Mais enfin, Monsieur.

LUPIN. – Plus bas, je vous en prie… il ne faut pas qu’on vous entende… ni qu’on m’entende. (Il va fermer la porte au fond.) Pour des raisons très graves. Il ne faut pas qu’on sache que je suis là auprès de vous et que je suis venu pour vous. (Plus vivement, comme s’il trouvait enfin l’explication :) Oui, pour vous ! Ce soir, vous étiez au bal des Valton-Trémor… Je vous ai vue… Oh ! ce n’était pas la première fois… Je vous suis partout… aux courses…

MARCELINE, qui l’écoute avec étonnement. – Aux courses… mais je n’y vais pas…

LUPIN. – Si, si, aux courses dans les magasins… Et chaque fois que vous allez au théâtre…

MARCELINE. – Jamais…

LUPIN, qui ne cesse de regarder autour de lui. – Oh ! je vous en prie, ne m’interrompez pas… nous n’avons que dix minutes… et depuis si longtemps je cherche une occasion de vous parler ! Depuis bien plus que ça !