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Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/130

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diocre, mais que l’on connaissait pour sa beauté, a fait, il y a deux ans, un voyage en Russie, d’où elle est revenue avec un magnifique saphir que lui avait donné, paraît-il, un personnage de la cour. Jenny Saphir, comme on appelait la jeune femme depuis ce jour, était très fière de ce cadeau, bien que, par prudence, elle ne le portât pas. N’est-il pas à supposer que le vol du saphir fut la cause du crime ?

— Mais la femme de chambre connaissait l’endroit où se trouvait la pierre ?

— Non, personne ne le connaissait. Et le désordre de cette pièce tendrait à prouver que l’assassin l’ignorait également.

— Nous allons interroger la femme de chambre, prononça le juge d’instruction. »

M. Dudouis prit à part l’inspecteur principal, et lui dit :

« Vous avez l’air tout drôle, Ganimard. Qu’y a-t-il ? Est-ce que vous soupçonnez quelque chose ?

— Rien du tout, chef.

— Tant pis. Nous avons besoin d’un coup d’éclat à la Sûreté. Voilà plusieurs crimes de ce genre dont l’auteur n’a pu être découvert. Cette fois-ci, il nous faut le coupable, et rapidement.

— Difficile, chef.

— Il le faut. Écoutez-moi, Ganimard. D’après la femme de chambre, Jenny Saphir, qui avait une vie très régulière, recevait fréquemment, depuis un mois, à son retour du théâtre, c’est-à-dire vers dix heures et demie, un individu qui restait environ jusqu’à minuit. « C’est un homme du monde, prétendait Jenny Saphir : il veut m’épouser. » Cet homme du monde prenait d’ailleurs toutes les précautions pour n’être pas vu,