Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/206

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« Pourvu que la mère ait allumé quelques bûches !

— Sûrement, dit le père. Tiens, il y a même de la fumée. »

On voyait, au bout d’une pelouse, les communs et le logis principal, et, par-dessus, l’église du village dont le clocher semblait trouer les nuages qui traînaient au ciel.

« Les fusils sont déchargés ? demanda maître Goussot.

— Pas le mien, dit l’aîné. J’y avais glissé une balle pour casser la tête d’un émouchet… Et puis… »

Il tirait vanité de son adresse, celui-là. Et il dit à ses frères :

« Regardez la petite branche, au haut du cerisier. Je vous la casse net.

Cette petite branche portait un épouvantail, resté là depuis le printemps, et qui protégeait de ses bras éperdus les rameaux sans feuilles.

Il épaula. Le coup partit.

Le mannequin dégringola avec de grands gestes comiques et tomba sur une grosse branche inférieure où il demeura rigide, à plat ventre, sa tête en linge coiffée d’un vaste chapeau haut de forme, et ses jambes en foin ballottant de droite et de gauche, au-dessus d’une fontaine qui coulait, près du cerisier, dans une auge de bois.

On se mit à rire. Le père applaudit :

« Joli coup, mon garçon. Aussi bien, il commençait à m’agacer le bonhomme. Je ne pouvais pas lever les yeux de mon assiette, quand je mangeais, sans voir cet idiot-là… »


Ils avancèrent encore de quelques pas. Une