Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/16

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Le directeur de Allo-Police poussa un éclat de rire.

« Qu’est-ce que vous avez à rire, monsieur Allermy ? demanda Patricia. C’est votre secrétaire qui est mis à mal de la sorte, votre confident.

— Excellente leçon pour lui, répondit avec satisfaction le vieillard. Le « Sauvage » est un si abominable gangster ! Ennemi public numéro un. Une seconde de plus, et il aurait poignardé son compagnon. Un rude gars, celui-là. Mais il ne m’est pas tout à fait inconnu… Et à vous, Fildes ?

— À moi non plus », répondit Fildes, laconiquement.

Les deux amis remontèrent. Mac Allermy avait oublié sur son bureau le grand portefeuille de cuir fauve où il conservait tous les documents relatifs à la grande entreprise.

Lorsque Patricia, continuant à descendre, arriva au bas de l’escalier, les deux combattants avaient disparu.

« Dommage, pensa-t-elle. J’aurais bien voulu revoir celui qui est sans doute Arsène Lupin ! »

Elle sortit de l’immeuble en s’efforçant de maîtriser son émoi. Le grand air lui fit du bien. L’avenue bourdonnante de monde, dans le soir, commençait à s’illuminer des clartés jetées par l’électricité ; la jeune femme tourna à droite et s’assit dans un petit square relativement paisible. Elle avait besoin de réfléchir. Désappointée par l’échec de son premier essai en journalisme, elle trouvait cependant un réconfort puissant dans la sympathie avec laquelle son patron lui avait parlé, dans la confiance qu’il avait en elle, en son avenir… Et cette offre de mariage qu’il lui avait faite était pour elle comme une absolution du passé, qui la grandissait et la purifiait.

Orpheline, recueillie à contre-cœur par une vieille parente qui ne l’aimait pas et se désintéressait d’elle, Patricia avait eu une jeunesse