Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/11

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Au centre de cette agitation, M. et Mme  Bouju-Gavart ourdissaient leur plan. C’étaient eux, en effet, qui faisaient le mariage.


Après la guerre, M. Bouju-Gavart, commissionnaire en rouenneries, déclara qu’il accepterait volontiers un successeur, son fils Paul se destinant au barreau.

Il avait une cinquantaine d’années, des cheveux d’un beau blanc, une moustache d’un noir équivoque, et une mise soignée. Il courait les demoiselles de magasin, ce dont personne ne se doutait, sauf sa femme. Le ménage s’entendait, néanmoins. Mme  Bouju-Gavart, ayant renoncé depuis longtemps à une lutte impossible, souffrait de son abandon, sans récriminer. Elle méprisait son mari, mais appréciait ses qualités solides, sa tenue correcte, son tact en public. Puis une piété sereine et forte la portait à l’indulgence. Elle pardonnait et priait pour lui, l’époux et le père.

Elle approuva sa résolution. Leur fortune, laborieusement gagnée, lui permettait ce repos. Il pouvait goûter maintenant le fruit de son travail.

C’est alors que Robert Chalmin se présenta. Il avait de l’argent. Il plut. Les pourparlers commencèrent. Ils aboutirent rapidement.

— Hélas ! s’écria-t-il, un soir, à table, avec