Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/277

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pas assez pourtant, à son gré. Elle ordonna : « Plus vite. » Le cocher cingla sa bête. L’homme dut accélérer son allure. « Plus vite, plus vite ! » criait-elle, exaspérée de fierté. Sur le trottoir, près des boutiques de pain d’épices ou de bijoux faux, toujours filait l’inconnu, d’un mouvement rythmé de ses longues jambes.

On arrivait. Elle empoigna son fils, ouvrit la porte de la maison, saisit au hasard un parapluie, et s’en alla, laissant l’enfant ahuri. Elle n’en pouvait plus. Cet individu lui était nécessaire, immédiatement, comme un remède énergique en cas de fièvre. Son cerveau éclatait de désir.

Ils se retrouvèrent, rampe Cauchoise, derrière un poste de police. L’eau tombait par flaques. De son mieux, Lucie abritait son compagnon sous un parapluie d’un exiguïté ridicule. Mais des rigoles cascadaient sur leurs épaules, et ils s’aperçurent que le sol en pente où ils conversaient, servait de lit à un impétueux torrent.

Mme  Chalmin proposa de terminer ce tête-à-tête devant un bon feu. Il était dix heures. Elle entraîna son monsieur dans une maison meublée de la rue des Bons-Enfants, et, à sept heures, racontait à Robert l’emploi fictif de sa journée.

Cela dura deux semaines.


… Attablés à l’un des cafés du cours Boïel-