Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/279

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et Bourdesque, à son tour, usa du même procédé.

Quelle délicieuse après-midi enregistra la mémoire de Lucie !


Les séances de peinture au chalet de Dermoye continuaient. Elles aboutirent à une œuvre capitale qu’André destinait au Salon, La Sortie du bain. Mme Chalmin, une jambe dans la baignoire, l’autre à terre, souriait à une serviette qui chauffait sur un garde-feu. Le tableau fut reçu.

La veille du vernissage, Lucie se plaignit de malaises qui nécessitaient les soins de quelque spécialiste parisien. Sa mère l’escorta.

Elles descendirent à l’hôtel Continental. Lucie préféra se rendre seule chez le médecin. Après une consultation fantaisiste, elle retrouva Mme Ramel au Louvre, et, montrant deux billets que Dermoye lui avait donnés, elle dit :

— Vite, dépêchons-nous, figure-toi que le docteur m’a offert deux invitations pour le vernissage.

Au Salon, elle n’eut qu’un but, découvrir son portrait. Elle fendait la foule, tirait et poussait sa mère, inspectait les murs d’un coup d’œil, interrogeait les gardiens : « La Sortie du bain, s’il vous plaît ? », et se lamentait sur leur ignorance.