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Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/35

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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

d’ici peut-être… Il occupe le quatrième étage avec sa femme et leur vieille bonne. Des gens très bien, un peu fiers peut-être, mais si bien que je me demande si Gertrude ne s’est pas blousée.

— Il vit de ses rentes ?

— Fichtre non ! il est dans les vins de Champagne. Chaque jour il file à Paris.

— Et il en revient à quelle heure ?

— Par le train de six heures, qui arrive ici à dix-neuf.

— Lundi dernier, il est revenu par ce train-là ?

— Pas de doute. Il n’y a qu’hier, où je ne peux rien dire, puisque je conduisais ma femme. »

Victor se taisait. L’histoire pouvait s’imaginer ainsi : « Le lundi, dans le compartiment du train de six heures qui la ramène de Paris, la dame Chassain s’est assise près du père Lescot. D’habitude, épouse en instance de divorce, elle s’abstient de parler à son amant quand elle n’est pas avec sa mère. Ce lundi-là, elle a volé, par un mouvement involontaire, l’enveloppe jaune. Tout bas, sans en avoir l’air, elle l’avertit qu’elle a un dépôt à lui confier, et, peu à peu, elle lui glisse l’enveloppe qu’elle aura eu le temps peut-être de rouler et de ficeler. Ce geste, le baron d’Autrey, qui est dans la voiture, le surprend. Il a lu les journaux… Une enveloppe jaune… est-ce que par hasard ?…

« À Saint-Cloud, la dame Chassain s’en va. Le père Lescot continue jusqu’à Garches. Maxime d’Antrey, qui descend aussi à cette station, file le bonhomme, repère son logis, rôde, le mardi et le mercredi, autour de la Bicoque, et, le jeudi, se décide… »

Une seule objection, pensait Victor, après avoir