Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/118

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» Lorsque, vers son déclin, le soleil nous éclaire,
» L’éclat de ses rayons n’en est point affaibli.
» On est vieux à vingt ans si l’on cesse de plaire,
» Et qui plaît a cent ans meurt sans avoir vieilli. »

Fontenelle, le compatriote et l’un des plus fervents admirateurs de cette femme célèbre, qu’il appelait familièrement sa fille, composait dans t<a centième année, pour placer au bas de son portrait, ce quatrain si délicatement laudatif :

« Autour de ce portrait couronné par la gloire

» Je vois voltiger les amours,

» Et le temple de Gnide et celui de Mémoire

» Se le disputeront toujours. »

Mme Du Boccage, pour laquelle on avait fait cette devise :

« Formel Venus, arte Minerva, »

était associée à l’Académie des Arcades de Rome, à celles de Bologne, de Padoue, de Lyon, de Rouen, etc., et elle vivait encore lorsque son buste fut couronné publiquement au Lycée des Arts, dans la séance du 30 germinal an II.

Ainsi, toute la vie de notre compatriote devait être une suite de triomphes littéraires dont elle savait, dans sa modestie, apprécier tout le charme, ce qui lui faisait souvent répéter :

« Que je suis heureusement née ! »

Elle avait été cependant, au milieu de ces enivrements, soumise à une rude épreuve et frappée bien cruellement dans ses affections par la perte de son mari, dont la société avait été pour elle une source de jouissances intellectuelles. « Je n’aurai jamais, disait-elle, » assez de larmes pour déplorer la perte d’un homme dont je fus si » constamment chérie. » Elle survécut trente-cinq ans à cette séparation douloureuse, et mourut à Paris, le 18 août 1802, dans sa quatre-vingt-douzième année.

Louée avec enthousiasme en vers et en prose pendant sa vie, elle le fut encore après sa mort, même dans plusieurs langues. Son éloge, écrit et publié par M— # Fanny de Beauharnais, à laquelle elle avait été fort attachée, fut fait aussi par Dom Gourdin, pour l’Académie de Rouen, et par Guilbert, pour la Société d’Emulation.

Les œuvres poétiques de Mme du Boccage se composent de cinq poëmes, qui sont : le Paradis terrestre, — la Mort d’Abet, — le Temple de la Renommée, - la Colombiade ou la Foi portée au Nouveau-Monde, le Prix alternatif entre les Belles-Lettres et tes Sciences, poëme qui mérita à son auteur le premier prix décerné, en 1746, par l’Académie de Rouen. Il faut ajouter à ces ouvrages un grand nombre de poésies diverses et la tragédie des Amazones, pièce représentée le 24 juillet 1746, et qui fut applaudie pendant plusieurs représentations.

Le recueil des Œuvres poétiques a été publié à Lyon, par Périsse frères, en 1762, 1764, 1774, 3 vol. in-8* ; à Paris, par Nyon aîné, 1788,