Page:Lebrun - Œuvres, tome 4, 1861.djvu/14

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Le héros a parlé ; des innombrables tentes
Qui, des camps de Boulogne, au soleil éclatantes,
Menaçaient Albion tremblante à l’autre bord,
Vers le Rhin, à sa voix, ses légions guerrières
Emportent leurs bannières,
Qui reviendront bientôt vers l’Océan du nord.

Le Rhin a fui, l’armée en avant se déploie ;
Sa clameur, que le vent aux ennemis renvoie,
Annonce l’empereur au Danube étonné ;
L’aigle à la double tête avait cru loin encore
Voir l’aigle tricolore,
Et criant : « Le voilà ! » s’est enfui consterné.

Imprudents agresseurs, quelle est votre espérance ?
Osez-vous affronter les destins de la France ?
Osez-vous rappeler la guerre sur vos bords ?
Et ne voyez-vous pas que vers vous l’Angleterre
Détourne le tonnerre
Qui déjà menaçait de dévorer ses ports.

Par son large Océan vainement remparée,
Elle perdait l’orgueil qui l’avait rassurée,
Et, pâle, se troublait derrière ses vaisseaux :
L’œil tourné vers nos camps, ses subites alarmes,
Dès que brillaient des armes,
Se figuraient la France avançant sur les eaux.