Page:Lecointe - Au pays des manchots, 1904.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’abord, parce que l’hémisphère boréal présente, par une latitude déjà élevée, d’excellents ports de refuge pouvant servir de base d’opération ; ensuite, parce que dans le Nord des voyageurs en détresse peuvent être secourus par les Esquimaux ou recueillis par des pêcheurs qui fréquentent régulièrement ces régions ; puis, parce que la faune (l’ours blanc, le renne, le morse, etc.) fournit un gibier assez abondant, parce que la banquise touche à des terres qu’on peut espérer rejoindre en cas de sinistre, enfin parce que le climat du Nord est moins malsain que celui de l’Antarctique.

Sur la banquise australe, au contraire, des marins désemparés n’ont guère de ressources : pas de navire croisant dans ces parages, aucun habitant dans ces terres inhospitalières où le gibier est rare et d’un goût douteux.

Notons, enfin, que l’Amérique du Sud et l’Australie sont les seuls pays dans lesquels peut s’établir la base d’opération des expéditions antarctiques. Encore, ils exigent, avant d’être atteints, une longue traversée peu facile pour les navires qui seraient aménagés spécialement en vue de la navigation dans les glaces.


Les premières découvertes au Sud du Cap Horn furent dues à des marchands européens cherchant dans ces parages une voie de navigation. Les tempêtes, qui sévissent au Sud de l’Amérique, furent leurs meilleurs alliés ; même, elles les conduisirent successivement, bien malgré eux parfois, aux découvertes géographiques de l’Île des États, de la Géorgie du Sud, etc.