morceau de pain ; inaugurant ainsi sur nos plages l’ère des héroïques évêques-missionnaires, qui, dans les parties plus septentrionales du Dominion, devait se prolonger jusqu’à nos jours.
La grande âme du pasteur n’avait garde d’oublier la portion la moins privilégiée de son troupeau, les sauvages. Dans l’organisation du vicariat apostolique, il avait confié la desserte des paroisses à ses prêtres et aux Sulpiciens, il réserva l’évangélisation des Indiens aux Jésuites. Ils estimèrent que c’était la meilleure part. L’évêque ne se trompait donc point lorsque, en 1660, il écrivait à leur sujet : « Le salut des âmes les dévore, et il n’y a pas de nation si barbare ni si éloignée où ils ne brûlent de porter leur zèle et leurs travaux apostoliques. »
Ce n’étaient plus les temps héroïques des Brébeuf et des Jogues, ce serait l’époque des grandes poussées vers le nord jusqu’à la baie d’Hudson, vers l’occident jusqu’au lac Supérieur et au delà, vers le sud jusqu’aux derniers affluents du Mississipi. Des noms comme Albanel, Ménard, Allouez, d’Ablon, Marquette devaient illustrer ces fondations nouvelles.
Mgr de Laval avait ainsi posé peu à peu les assises et les fortes pièces de l’édifice religieux qu’il élevait sur le sol de la Nouvelle-France. Il voulut lui donner son couronnement en obtenant de Rome l’élévation du vicariat apostolique au rang d’évêché.
Le roi, toujours si bien disposé à l’égard de l’évêque de Pétrée, appuya sa demande auprès du pape Alexandre VII. Par ailleurs le Saint-Siège désirait aussi ce changement. De la sorte, les deux cours de Rome et de Paris s’entendaient sur le principe. Là où elles différaient, c’était sur les conditions de dépendance : à Paris, on exigeait que le nouveau diocèse relevât de l’archevêché de Rouen, jusqu’à ce que, d’autres diocèses se formant, on fit de Québec une métropole ; à Rome, on voulait qu’il dépendit immédiatement du Siège Apostolique.