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Page:Lecompte - Monseigneur François de Laval, 1923.djvu/13

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Mgr de Laval, ayant en vain présenté de respectueuses observations au gouverneur, dut faire de la vente des boissons aux sauvages un péché réservé et défendre aux confesseurs de l’absoudre. La décision épiscopale reçut l’approbation du clergé séculier, des Sulpiciens de Montréal, des Jésuites et de tous les colons honnêtes. Elle ne pouvait manquer de soulever les trafiquants et surtout l’irascible gouverneur, qui prétendait y voir un empiètement de l’autorité religieuse sur la puissance civile. Il envoya dépêches sur dépêches à Paris pour se plaindre. Il attaquait l’évêque, mais s’en prenait spécialement aux Jésuites comme aux inspirateurs de la conduite du prélat. Ses calomnies n’eurent guère de succès. Pour abréger, disons qu’une ordonnance du 16 mai 1679 défendit aux Français de porter des liqueurs enivrantes dans les habitations des sauvages. Le cas réservé fut réduit aux termes de l’ordonnance.

Trois ans plus tard, Frontenac était rappelé, après une première administration où il avait été loin de donner sa mesure. La seconde devait le réhabiliter magnifiquement.

Mgr de Laval n’eut qu’à se louer de M. de la Barre, successeur du comte de Frontenac. Mais il était dit que le saint évêque ne serait jamais longtemps sans épreuves. Nous allons assister à la dernière période de sa vie, où la souffrance du corps et les angoisses de l’âme porteront à leur sommet les vertus du premier évêque de la Nouvelle-France.



III


Dernières années, mort et gloire


En 1680, à la suite d’une très grave maladie qui l’avait conduit au seuil du tombeau et lui avait laissé de pénibles infirmités, Mgr de Laval n’avait plus songé qu’à se démettre de sa charge. Il croyait, dans son humilité, que tout autre que lui ferait mieux et qu’il fallait poser le fardeau sur des épaules plus jeunes. Afin d’obtenir ce successeur, il entreprit pour la quatrième fois le dur voyage d’outre-mer (1684).

La démission du prélat ne fut pas acceptée sans résis-