tance, surtout de la part de Louis XIV, qui aurait voulu le voir longtemps encore à son poste pour le plus grand bien de la colonie. Touché enfin par les instances et les infirmités du vénérable évêque, il accorda le successeur. Celui-ci, recommandé par le Supérieur de Saint-Sulpice et un Jésuite de Paris, accepté de confiance par Mgr de Laval, était l’abbé Jean-Baptiste de Saint-Vallier. Avec d’éminentes qualités, et des défauts qui ne manquaient point non plus de variété ni d’envergure, l’abbé devait accomplir d’excellentes œuvres, mais en même temps, par sa conduite arbitraire, tenir son prédécesseur sur la croix et semer dans les cœurs de graves mécontentements.
Il fut convenu qu’il viendrait d’abord au Canada comme grand vicaire pour visiter son futur diocèse, pendant que Mgr de Laval ferait les instances nécessaires à Rome pour l’obtention des bulles. L’abbé, arrivé en 1685, admira l’œuvre du grand évêque et il sut, dans une lettre écrite trois ans plus tard, faire l’éloge non seulement de l’administrateur, mais encore de l’homme et, dans l’homme, du saint. Il retourna en France en 1687. Les bulles arrivèrent enfin à Paris, et c’est là qu’il fut consacré le 25 janvier 1688. Au cours de l’été il revint au Canada, où Mgr de Laval l’avait précédé de quelques mois.
Le nouvel évêque ne fut pas lent à commencer ses réformes, à les brusquer, à se créer mille embarras à Québec et à Montréal. Et ce fut la grande croix du saint évêque, de Mgr l’Ancien, comme on l’appelait alors pour le distinguer de son successeur, de voir du sein de sa solitude au Séminaire de Québec ou à Saint-Joachim, le bouleversement de plusieurs de ses œuvres et les démêlés du pasteur avec le clergé et les communautés religieuses, d’entendre les plaintes qui s’élevaient de toutes parts et étaient portées jusqu’au pied du trône.
Sa vie de silence et de prière fut troublée, en 1690, par l’attaque de Phipps contre Québec. À sa suggestion, on confia la défense de la ville à la sainte Vierge. Marie ne faillit point à la tâche. Le siège fut vite levé, et l’église de la basse-ville, récemment construite, reçut le nom de Notre-Dame de la Victoire.