Mgr de Saint-Vallier fit un premier voyage en France pour répondre aux plaintes qui s’accumulaient contre lui (1694). Il y demeura trois ans. Un deuxième voyage (1700) le retint hors de son diocèse pendant treize ans. Ces longues absences permirent à Mgr de Laval de rendre, malgré ses infirmités, des services de toutes sortes : toujours prêt à se dévouer, à éclairer les esprits, à consoler les cœurs.
Les épreuves néanmoins continuaient de l’assiéger. Une des plus cruelles fut l’incendie de son beau Séminaire, le 15 novembre 1701. Il n’échappa lui-même qu’à grand’peine aux flammes. Son esprit de foi sut tempérer l’amertume de ses larmes devant les ruines de son œuvre de prédilection. On se mit sans tarder à reconstruire le Séminaire. Déjà l’ouvrage touchait à sa fin, lorsqu’un second incendie vint tout raser de nouveau. Ce fut pour le prélat l’occasion d’un acte plus sublime encore de soumission aux insondables jugements de Dieu. Après l’un et l’autre incendie, les Jésuites furent heureux de pouvoir garder quelque temps chez eux l’évêque, les directeurs du Séminaire et une partie des élèves.
Plusieurs des vertus de Mgr de Laval ont apparu au cours de ce récit. Avant de le voir descendre dans la tombe, disons un mot des opérations de la grâce dans cette âme de choix.
Outre les dévotions publiques, que sa piété établit si solidement qu’elles ont persisté en grandissant jusqu’à nos jours, telle la dévotion à saint François Xavier, à l’Immaculée Conception de la Vierge, à la sainte Famille, et tout spécialement à la bonne sainte Anne, nous pouvons admirer les pratiques personnelles suivantes :
Au témoignage du frère Houssart (cité par Mgr Têtu), frère attaché au service de l’évêque durant les vingt dernières années de sa vie, Mgr de Laval veillait tellement à supprimer tout ce qui aurait pu ternir la pureté de son cœur, qu’à la manière de plusieurs saints personnages, il se confessait tous les jours avant sa messe.
Son âme était constamment unie à Dieu. La haute contemplation dont il était favorisé, ne l’empêchait point de veiller aux intérêts même temporels de son diocèse. Seulement, lorsqu’il apparaissait parmi les siens, on l’eût pris,