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Après cela, il n’est pas étonnant d’entendre dire à la vénérable Marie de l’Incarnation : « Mgr de Laval porte les marques et le caractère d’un saint », et au P. Lalemant qui le connaissait si intimement : « Vir maximae sanctitatis, homme d’une très grande sainteté. »


L’année 1708 devait être l’année de la mort du grand serviteur de Dieu, un siècle après la fondation de sa ville épiscopale.

Les infirmités, les maladies le minaient sourdement, cruellement. Elles amenèrent la mort : c’était la délivrance pour l’auguste martyr. Le voyant près de sa fin, un de ses prêtres lui demanda : « Nous quitterez-vous sans nous rien dire ? » Et il lui cita l’exemple de plusieurs personnages qui avaient exhorté leurs enfants spirituels avant de mourir. L’humilité du saint vieillard s’effraya : il se contenta de répondre : « C’étaient des saints, moi je ne suis qu’un pécheur. »

Ce fut le 6 de mai 1708 que Mgr François de Laval, premier évêque de Québec, rendit sa belle âme à Dieu. Il était âgé de quatre-vingt-cinq ans. Évêque depuis cinquante ans, il avait gouverné pendant trente-cinq ans l’Église de la Nouvelle-France.

Il est resté pour le Canada le plus grand, le plus saint de nos évêques. Un seul, à notre avis, peut lui être comparé, savoir, le grand et saint évêque Ignace Bourget, deuxième évêque de Montréal : même zèle pour la maison de Dieu et les âmes, même élévation de pensées, même douceur et même fermeté dans l’exécution, et enfin, ce qui livre le secret de leur force et de leur fécondité, même sainteté personnelle dans l’union intime de leur âme avec le divin Maître. Ne peut-on espérer de voir bientôt l’évêque de Québec monter sur les autels, et l’évêque de Montréal le suivre de près ?

Le deuil de la colonie à la mort de Mgr de Laval fut profond, universel. Il était aimé autant que vénéré. Sa réputation de sainteté était déjà solidement établie : on en eut les plus touchants témoignages aux funérailles, qui eurent lieu avec un déploiement de splendeur jusqu’alors