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Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/139

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Pourtant l’or que Tarshish recèle en ses carrières
A ruisselé sur les grilles en feux ardents ;
Les thrésors entassés sur ses hautes trières
Et les captifs, percés de ses mains meurtrières,
Ont nourri le Taureau de fer aux blanches dents.

Mais l’hécatombe en vain succède à l’hécatombe
Depuis que le soleil sur les lances a lui ;
Le suffète Hamilkar sent, dans le soir qui tombe,
La victoire s’enfuir et, comme d’une tombe,
La face de ses Dieux se détourner de lui :

Pendant que, sur la crête où son cheval sans selle
Hennit, flairant les morts épars dans les ravins,
Le Tyran dorien, dont le casque étincelle,
Près des bœufs égorgés que son glaive amoncelle,
Attend l’heure, et sourit, tranquille, à ses devins.

Car déjà, dans l’azur occidental que barre
La montagne où l’idole embrasée a surgi,
L’Héraklide entrevoit la déroute barbare,
Et, du roc d’Akragas aux créneaux de Mégare,
Le sol trinakrien libre et de sang rougi.