Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/156

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Et que, dominateur de l’antique océan,
Des parois de l’Hymette aux rocs de Salamine,
Monta, comme un orage en la splendeur marine,
Avec cent mille voix le rythme du pœan,

La plaine de la sainte Eleusis, alarmée
D’un confus cliquetis de lances et de dards
Inaperçus, sonnait ainsi que sous les chars
Et les pas, et les cris d’une invisible armée.

Une immense nuée aux soudains tourbillons
Enveloppait les champs déserts d’une épouvante
Nouvelle, et qu’on eût dit la poussière mouvante
De tout un peuple en marche épars dans les sillons.

Ainsi venaient vers nous les ombres magnanimes
Des ancêtres, ainsi, vers nos rangs en péril,
Le Prince des guerriers guidait l’essaim viril
Des Héros protecteurs et des Rois éponymes :

Et tous, les grands dompteurs de monstres, les tueurs
De fléaux, aux yeux pleins des reflets de l’Eau noire
Et des souffles épais du Styx, et qu’en la gloire
Du jour, nous devinions aux sereines lueurs