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HÉLÈNE.



V


HÉLÈNE, PÂRIS, DÉMODOCE,
Chœur de Femmes, Chœur d’Hommes.


HÈLÈNE.


Tes lèvres ont goûté le froment et le vin,
Ô Priamide ! Ainsi l’a voulu le Destin.
Du seuil hospitalier j’ai gardé la loi sainte.
Mais de Sparte déjà dorant la vaste enceinte,
L’Aurore a secoué ses rosés dans l’azur,
L’étoile à l’horizon incline un front obscur,
Dans le large Eurotas ta trirème lavée
Sur les flots, par les vents, s’agite soulevée ;
Va ! que Zeus te protège, et que les Dieux marins
T’offrent un ciel propice et des astres sereins !
Tu reverras l’Ida couronné de pins sombres,
Et les rapides cerfs qui paissent sous leurs ombres,
Et les fleuves d’argent, Simoïs et Xanthos,
Et tes parents âgés, et les remparts d’Ilos.
Heureux qui, sans remords et d’une âme attendrie,
Revoit les cieux connus et la douce pairie !


PÂRIS.


Ô blanche Tyndaride, ô fille de Léda,
Noble Hélène ! Aphrodite, au sommet de l’Ida,