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HÉLÈNE.

Tombe et mêle aux chansons des furtives haleines
          Son murmure parmi les fleurs.

Ô divine Artémis, vierge aux flèches rapides,
Accours ! l’heure est propice au bain mystérieux :
Sans craindre des mortels le regard curieux,
          Plonge dans les ondes limpides.

Chasseresses des bois, ô Nymphes, hâtez-vous,
Dénouez d’Artémis la rude et chaste robe.
Voyez ! ce bois épais et sombre la dérobe
          Aux yeux mêmes des Dieux jaloux.

Et l’onde frémissante a reçu la Déesse
Et retient son beau corps dans un baiser tremblant.
Elle rit, et l’essaim joyeux, étincelant,
          Des nymphes, l’entoure et la presse.

Mais quel soupir émeut le feuillage prochain ?
Serait-ce quelque vierge égarée et peureuse,
Ou l’Aigipan moqueur, ou le jeune Sylvain,
          Qui pousse une plainte amoureuse ?

C’est toi, fils d’Aristée, aux molosses chasseurs,
Qui surprends Artémis dans sa blancheur de neige,
Nue, et passant du front l’éblouissant cortège
          Que lui font ses divines sœurs.