Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
LES ÉRINNYES.

Non ! Que nul d’entre vous ne songe à le coucher
Sur la pourpre funèbre, au sommet du bûcher !
Point de libations, ni de larmes pieuses !
Qu’on jette ces deux corps aux bêtes furieuses,
Aux aigles que l’odeur conduit des monts lointains,
Aux chiens accoutumés à de moins vils festins !
Oui ! je le veux ainsi : que rien ne les sépare,
Le dompteur d’Ilios et la femme Barbare,
Elle, la prophétesse, et lui, l’amant royal,
Et que le sol fangeux soit leur lit nuptial !


EURYBATÈS.

Tu l’as tuée aussi !


KLYTAIMNESTRA.

Tu l’as tuée aussi ! Penses-tu que j’hésite ?
J’ai tranché le blé mûr et l’herbe parasite.
Quant à ses compagnons, complices ou témoins
De son crime, ils sont morts. Mais de plus nobles soins
Que la vaine terreur d’une foule insensée,
Désormais, ô vieillards, agitent ma pensée.
Allez ! dites au peuple assemblé tout entier
Que le sceptre est aux mains d’un vaillant héritier,
Du fils de Thyestès, que j’aime !


TALTHYBIOS.

                                                      Ô Dieux ! ô Terre !
Nous, vivre sous les pieds de ce lâche adultère ?