Est-ce à la sainte Argos qu’un tel opprobre est dû,
Femme ?
L’enfant d’un noble père et d’une mère impie,
Orestès est vivant !
La honte d’être né de ce sang odieux !
Je consens qu’il grandisse, éloigné de mes yeux,
Sans patrie et sans nom. C’est assez qu’il respire.
L’exil est dur ? La mort irrévocable est pire.
Grands Dieux ! Ton fils aussi, femme, tu le tuerais ?
Son père a bien tué ma fille ! Je le hais.
Je hais tout ce qu’aima, vivant, ce Roi, cet homme,
Ce spectre : Hellas, Argos, la bouche qui le nomme,
Le soleil qui l’a vu, l’air qu’il a respiré,
Ces murs que souille encor son cadavre exécré,
Ces dalles que ses pieds funestes ont touchées,
Les armes des héros par ses mains arrachées,
Et les trésors conquis dans les remparts fumants,
Et ce que j’ai conçu de ses embrassements !