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L’APOLLONIDE.

KRÉOUSA.
STROPHE.

De ses ceintures longtemps closes
L’aube faisait pleuvoir ses roses
Au ciel étincelant et frais ;
Le vent chantait sur la colline ;
Les lys que la rosée incline
Parfumaient d’une odeur divine
L’air léger que je respirais.


ANTISTROPHE.

J’allais, foulant les herbes douces,
Éveillant l’oiseau dans les mousses
Avec mes rires ingénus ;
J’entrelaçais en bandelette
L’hyacinthe et la violette ;
Dans l’eau vive qui les reflète
Je baignais mes pieds blancs et nus.


ÉPÔDE.

Et tu survins alors, ô Roi des Piérides,
              Ceint du fatidique laurier !
Terrible et beau, pareil au chasseur meurtrier
              Qui poursuit les biches timides,
Apollôn ! Apollôn ! ô ravisseur impur !
Tu m’emportas mourante au fond de l’antre obscur
              Suspendue à tes mains splendides !


LE VIEILLARD.

Ô douleur !