Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



HUITIÈME STATION


Jésus console les filles de Jérusalem.



Tandis qu’il gravissait l’âpre et dure colline,
Quelques femmes en pleurs se frappaient la poitrine,
Et parfois,, en secret, baisaient ses vêtements,
Et répandaient leur cœur en sourds gémissements.
Et Lui, plein de pitié pour leurs larmes amères,
Leur dit : — Pleurez sur vous, sur vos propres misères,
Pleurez sur vos enfants, ô femmes d’Israël !
Voici venir les temps marqués par l’Éternel,
Et les temps de justice et les temps de vengeance,
Où l’impie est troublé dans son intelligence
Et s’empresse au-devant des châtiments prédits !
Pleurez plutôt sur vous, femmes, je vous le dis.

Tremble, Sion ! La main du Très-Haut s’est levée !
Comme en son nid l’oiseau rassemble sa couvée,
Que de fois j’ai voulu, dans mes bras caressants,
Ô cité de mon peuple, abriter tes enfants !
Tu ne l’as pas voulu ! Dieu te voue à l’épée !
Et tu seras saisie à la gorge et frappée